Les protagonistes et acteurs principaux du récit :
- Joe Lachaud - escroc fringant qui se prend pour un grand navigateur - sans morale, capable de tout et qui excelle pour prendre du fric dans la poche des autres à n'importe quel prix
- Pierre Baron "Le Marin" - Inculte, fourbe , cupide, manipulateur et au niveau primate intellectuellement
- Claude Malbarre - celui qui mange à tous les rateliers, rabatteur putain et proxénète à la fois
- Pat Ribaux - aventurière courtisane et dangereuse n'a pas grand chose à offrir à part ses charmes naturels
- Yvan Lachaud "Mozart" - le digne fils de son père
ENQUÊTE
L'ère du soupçon sur les tribunaux de commerce
L'ère du soupçon
sur
les tribunaux de commerce Dans les Alpes-maritimes, Maxime Bednawski,
un important liquidateur judiciaire, a été mis en examen pour
«malversations» et écroué. Ailleurs en france, certains de ses confrères
sont aujourd'hui soupçonnés d'escroqueries, parfois commises avec
l'appui de juges consulaires, voire de magistrats du parquet. - C'était
une sorte d'empereur régnant durement sur des sujets fragiles: à
Mougins, le village chic de l'arrière-pays cannois, Maxime Bednawski a
dirigé pendant des années une des plus grosses études de liquidateurs de
justice de l'Hexagone. Ses clients, entreprises en mauvaise santé, ne
l'aimaient guère mais le craignaient.
Dès
le mois de mars 1990, les Renseignements généraux alertaient le
ministère de l'Intérieur sur des scandales explosifs le mettant en
cause, mais la justice ne bougeait pas. Et puis, récemment, à la suite
de deux plaintes pour «escroquerie et tentative d'escroquerie» déposées
par une décoratrice cannoise confrontée à ses méthodes, Maxime Bednawski
est tombé. A Grasse, le juge Arfiningo, chargé d'instruire l'affaire,
l'a mis en examen pour «malversations» et fait écrouer, fin novembre,
après avoir découvert, au cours d'une perquisition à son domicile,
100.000 francs en liquide.
Le
magistrat instructeur lui reproche surtout d'avoir fait transiter sur
un compte personnel des sommes mises sous séquestre dans son cabinet.
Ouvert dans une agence de la banque italienne Monte Paschi di Sienna, le
compte était rémunéré à un taux de 25%, alors qu'un decret de loi
prévoit que les fonds provenant des procédures de liquidation doivent
être consignés à la Caisses des dépôts et consignations à un taux
inférieur à 3%.
Administrateur
aussi puissant que mal-aimé. A l'origine des ennuis du liquidateur,
l'obstination d'une bretonne, Roselyne Bourgain, installée de longue
date à Cannes. En 1987, une de ses sociétés, Planète 2000, se trouve en
cessation de paiement. Le tribunal de commerce de Grasse appprouve le
plan de redressement d'un administrateur judiciaire de Cannes, Gérard
Coderch. Mais le représentant des créanciers de la décoratrice Maxime
Bednawski n'est pas d'accord. Il veut la liquidation. Après moult
tribulations, le tribunal confirme, le 23 juillet 1990, Gérard Coderch
comme administrateur judiciaire. Mais un document daté du même jour,
émanant en apparence du tribunal, désigne un autre administrateur, Louis
Ezavin, le plus important mandataire de justice de Nice, un des plus
puissants en France, aussi peu aimé et aussi influent que l'est Maxime
Bednawski à Grasse.
Ce
jugement prononce la «confusion des patrimoines»: en cas de
liquidation, les biens personnels de Roselyne Bourgain seront engagés.
Or, toutes les décisions prises par la suite presque systématiquement
défavorables à la décoratrice l'ont été en fonction de ce jugement
basé, selon Me Renaud Dufeu, son avocat, sur un faux qui d'après lui
«n'a pu être obtenu sans la complicité, pour ne pas dire davantage, des
membres ou de certains membres du tribunal de commerce de Grasse». Il
vient de déposer une requête en suspicion légitime.
Les
ennuis de Roselyn Bourgain font frémir. Deux ans après la mise en
redressement de sa société, Maxime Bednawski obtient l'ouverture d'une
nouvelle procédure visant ses biens personnels et la justifie par
diverses créances, notamment une dette de 1.568.000 francs au Trésor
public. En réalité, la somme dûe n'est que de 156.800 francs. «Il s'agit
d'une erreur de saisie informatique dont je suis certes à l'origine,
mais dont, tout au long de la procédure, personne ne semble s'être
aperçu», explique le syndic. «Toute cette histoire est absurde. Mon
client a formidablement réussi et comme il ne cherche pas forcément à
être sympathique on le jalouse. Dans cette affaire il n'a fait que
défendre les interêts des créanciers», soutient son avocat, Me Michel
Lopresti. Roselyne Bourgain, elle, n'en démord pas: Maxime Bednawski a
voulu la spolier.
Des
pratiques qui suscitent des réserves. Les ennuis du mandataire, remis
en liberté il y a quelques jours après un peu plus d'un mois de prison,
sont passés relativement inaperçus. Mais une association d'entrepreneurs
s'estimant «victimes» de tels agissements s'est créée et envisage de
déposer des plaintes. Un peu partout, les pratiques des mandataires de
justice, en particulier des liquidateurs, suscitent des réserves
grandissantes. On leur reproche souvent de lâcher à vil prix des
sociétés que des repreneurs amis revendent ensuite avec de larges
bénéfices, de s'entendre avec des cabinets d'avocats, certains greffiers
complices, voire carrément des juges consulaires ou même des magistrats
du parquet, pour truquer les différentes procédures commerciales.
Actuellement,
les milieux judiciaires niçois sont secoués par les suites de l'affaire
Syntech. Alors que le tribunal de commerce lui avait donné son feu
vert, Georges Hening, le repreneur de deux sociétés domiciliées dans la
ville, est incarcéré depuis le 7 avril dernier dans une prison de
Bois-d'Arcy (Yvelines), après une mise en examen pour «abus de biens
sociaux». Alerté par des salariés d'une des deux entreprises, installée
en région parisienne, le parquet de Versailles avait ouvert une
information judiciaire. Les résultats des investigations du juge
Catherine-France Rechter et de la section économique et financière de la
police judiciaire sont confondants: loin de relancer les deux
entreprises, Hening et son conseiller financier, Joël Lechaux, les
auraient dépouillées, détournant grâce à diverses complicités près de 13
millions de francs.
300.000
francs de pot-de-vin. Les deux compères n'en étaient pas à leur
première escroquerie, mais, à Nice, parmi les différentes personnes
censées contrôler la cession, personne ne s'en était aperçu. Le parquet
de Versailles n'a pas hésité alors à porter le fer sur place.
L'administrateur judiciaire, Marie-Christine Faivre-Duboz, en a fait les
frais la première et a été mise en examen. Proche de Joël Lechaux, elle
ne pouvait ignorer le profil du personnage. Son avocat plaide la bonne
foi. Puis Lechaux est passé à table et a dit avoir versé un pot-de-vin
de 300.000 francs à un juge du tribunal de commerce. Il s'agit du
président de la chambre des procédures collectives, Claude Bouttau,
suspecté d'avoir favorisé le dossier des repreneurs. Mis en examen pour
«corruption passive» au mois de décembre, Claude Bouttau a été placé
sous contrôle judiciaire. Les enquêteurs comprennent mal que personne
n'ait vérifié l'origine des fonds ayant servi à la reprise: Hening et
Lechaux ont tout simplement puisé dans les fonds propres de la société
pour la racheter! «Dans cette histoire», dit un des enquêteurs,
«personne n'a fait son travail, le commissaire chargé de l'éxecution du
plan n'a rien vu, l'administrateur était complice, le président de la
chambre acheté, et le parquet de Nice n'a pas surveillé comme il se
devait la procédure.»
La
porte ouverte à tous les dérapages. A Nice, les habitués du tribunal de
commerce ne sont pas autrement étonnés de ces anomalies. Balitrand, une
des plus grosses entreprises de matériaux de construction de la région,
mène campagne contre le tribunal depuis 1993. Candidate à la reprise
d'une société en difficulté, Di Sanit, elle s'est vue préférer sa
concurrente directe, Ciffréo Bona. Curieusement, dans cette affaire, les
avocats du repreneur et de la société en redressement, respectivement
Brigitte Bailet et Pascal Klein, sont associés dans le même cabinet
(Klein-Montagard), qui défend aussi fréquemment l'administrateur
judiciaire Louis Ezavin, omniprésent dans la plupart des procédures
commerciales, ainsi que d'autres mandataires. Or, la loi entend
distinguer clairement les intérêts et les fonctions, normalement
contradictoires, des différentes parties. Confusion supplémentaire:
Brigitte Bailet est l'épouse du greffier du tribunal de commerce. Un
mélange des genres bien ambigu: face à des juges consulaires sans grande
formation, issus directement du monde professionnel, les greffiers, les
mandataires de justice et cabinets d'avocats spécialisés imposent à peu
près ce qu'ils veulent. En cas d'entente illicite c'est la porte
ouverte à tous les dérapages.
Les
parquets assurent normalement un garde-fou en déléguant un substitut
chargé de surveiller les procédures les plus sensibles. Ceux de Nice et
Grasse sont actuellement sur la sellette pour leur laxisme. «Nous ne
sommes pas là pour contrôler la transparence des opérations, ce n'est
pas notre rôle, mais pour défendre les interêts des créanciers ou des
salariés», plaide Paul-Louis Auméras, procureur de Nice.
En
attendant de nouveaux développements, la chancellerie suit avec
inquiétude la progression du sinistre à d'autres tribunaux. A
Châteauroux, un boulanger industriel en faillitte a mis le feu aux
poudres en dénonçant la présence, dans le tribunal de commerce qui l'a
mis en liquidation, de son principal concurrent. Dans la même ville, le
plus gros administrateur judiciaire avait été mis en examen, l'an
dernier, pour «malversations». A terme, tout le système de la justice
consulaire menace d'exploser.-